Dans le cadre du Festival Sens Interdits
INTERPRÉTÉ PAR AHMED TOBASI, D’APRÈS LE RÉCIT DE SA VIE
TEXTE HASSAN ABDULRAZZAK ET MISE EN SCÈNE ZOE LAFFERTY
En arabe et en anglais, surtitré en français
11 octobre 2023 – Théâtre cinéma, Choisy-le-roi (94)
13 et 14 octobre – Festival des Arts de Bordeaux (33)
18 et 19 octobre – Festival Sens Interdits, Ateliers Presqu’Île, Lyon (69)
21 et 22 novembre 2023 – Théâtre Joliette, Marseille (13)
24 novembre 2023 – Théâtre l’Alibi, Bastia (2B)
28 novembre 2023 – Le Safran, Amiens (80)
Il est libéré après quatre ans d’incarcération et s’exile en Norvège où il se forme en tant qu’acteur et metteur en scène. Son engagement résistant prend alors une nouvelle forme, celle d’un théâtre politique qu’il développe à son retour au camp de Jénine en 2013.
Hassan Abdulrazzak, auteur d’origine irakienne, s’est saisi de cette histoire en mêlant le réel au fantastique et le comique au tragique pour restituer la complexité d’un voyage aux accents doux-amers. Ahmed Tobasi incarne ainsi son propre personnage dans ce spectacle qui tourne à travers le monde depuis 2017, articulant le parcours d’un homme en quête de sa définition de la liberté avec l’Histoire de la résistance palestinienne autant armée que culturelle et artistique.
LE CAMP DE RÉFUGIÉS DE JÉNINE
Le camp de Jénine a été créé en 1953 en marge de la ville de Jénine en Cisjordanie pour accueillir les déplacés palestiniens de la Nakba en 1948. Il est encore habité aujourd’hui, comptant plus de 14 000 résidents. Surnommé « la capitale des martyrs », ce camp concentre de nombreux groupes de la résistance armée contre l’État d’Israël.
Depuis les accords d’Oslo de 1999, le camp de Jénine est sous autorité palestinienne, mais Israël conserve un contrôle aérien sur la zone et effectue souvent des raids « anti-terroristes » menant à des affrontements meurtriers au milieu des habitations : le 11 mai 2022, Shireen Abou Akleh, journaliste américano-palestinienne est tuée en pleine rue alors qu’elle tentait de couvrir un de ces raids israéliens.
UN MOT D’AHMED TOBASI
« Il y a des millions de réfugiés à travers le monde, et j’ai décidé de partager mon histoire avec eux et le reste du monde pour illustrer la complexité de ce que cela représente d’être réfugié ; c’est un problème majeur et le cycle doit être brisé. J’ai rapidement compris que la Palestine n’était pas seule dans ce combat ; il y a de nombreux autres pays dans la même situation. Pour moi et beaucoup d’autres, les jeunes ne choisissent pas leur vie, ils ne choisissent pas où ils finissent et n’ont pas le luxe de penser à ce qu’ils veulent devenir. Lorsque je repense à ma vie, je suis confronté à une dure réalité et je comprends que ce n’est pas moi qui l’ai choisie. Après avoir été emprisonné, je n’ai pas pu travailler, étudier ou me déplacer facilement, tout ça a cause de ma situation, de mon lieu de naissance et de qui je suis – un réfugié palestinien sur un territoire occupé. Mon histoire n’est pas bien différente de celle de milliers d’autres : elle reflète celle des personnes âgées ou jeunes, musulmanes, arabes, notre seul tort étant d’être nés ici. (…)
Pour les palestiniens, pendant l’occupation et après la première et à la deuxième intifada, des milliers de personnes ont été mises en prison (hommes, femmes et enfants), il y a eu de nombreuses attaques, le mur a été érigé à nouveau et Gaza est devenue une prison à ciel ouvert. Cette vie est devenue notre réalité, elle est devenue normale et nous nous y sommes habitués. Jouer ce spectacle devant mes compatriotes palestiniens et pour ma communauté du camp de Jénine me permet de leur rappeler que nous ne vivons pas une vie normale, et que notre destin n’est pas de continuer ainsi. »
Entretien avec Ahmed Tobasi pour le Freedom Theatre en 2018, traduit de l’anglais.
LE FREEDOM THEATRE
Actuellement dirigé par Ahmed Tobasi, le Freedom Theatre est à la fois un théâtre et un centre culturel basé dans le camp de réfugiés de Jénine. Créé en 2006, le Freedom Theatre est avant tout un projet de résistance culturelle, utilisant les arts comme outil de libération populaire dans la lutte pour la justice, l’égalité et la liberté.
Il s’agit d’expérimenter, par le jeu, avec le réel pour déconstruire les oppressions et rendre visible les rouages de la domination, « première étape vers le changement ». Concrètement, cela se traduit par un projet fortement ancré dans le camp de Jénine : l’offre culturelle du Freedom Theatre se veut accessible à tous et à toutes et en particulier aux enfants qui grandissent dans ce lieu difficile. C’est aussi un lieu de transmission où naissent les artistes de demain, qu’ils soient acteurs, metteurs en scène, techniciens, photographes ou cinéastes : le Freedom Theatre revendique avoir créé « une génération d’artistes et de leaders/meneurs qui seront un jour en première ligne du mouvement pour la libération palestinienne ».
Le Freedom Théâtre et Jénine ont récemment été attaqués plusieurs fois par l’armée israélienne, pour les soutenir un appel aux dons à été lancé : https://www.helloasso.com/associations/atl-jenine/formulaires/2
Source : Festival Sens Interdits