L’assassinat de Juliano Mer Khamis est une nouvelle tragique pour le peuple palestinien et pour tous les combattants pour une paix juste au Proche-Orient.
Né de père militant palestinien d’Israël et de mère juive israélienne, Juliano Mer Khamis, qui était un acteur connu en Israël, aurait pu développer une carrière lucrative dans ce pays. Mais il a préféré sans hésitation mettre son talent au service des jeunes Palestiniens.
Lors de la première intifada à Jénine, sa mère Arna a animé auprès des jeunes du camp de réfugiés un travail culturel, particulièrement théâtral, qui leur permettait de résister à leur vie quotidienne marquée par les violences, les humiliations et l’oppression imposée par les autorités israéliennes.
Ce travail, Juliano l’a continué en créant en 2006 le Théâtre de Liberté de Jénine après avoir réalisé le film « Les enfants d’Arna », qui raconte le travail de sa mère, sa création d’un premier théâtre, et le destin tragique lors de l’opération Rempart en 2002 de plusieurs jeunes très actifs dans ce premier Théâtre.
J’ai pu constater directement lors de ma première visite au Freedom Theatre en 2007 combien le travail artistique et l’état d’esprit de Juliano auprès des jeunes leur permettaient de libérer leurs angoisses, de s’épanouir, de mieux maîtriser leur vie quotidienne.
Juliano était par son histoire personnelle promoteur d’une réconciliation entre Palestiniens et Israéliens, mais de la seule réconciliation réelle et durable, celle qui passe par la reconnaissance et la réparation des crimes sionistes et par la libération du peuple palestinien.
Il s’attaquait aussi aux divisions parmi le peuple palestinien, militait pour les libertés dans le monde arabe, et ses dernières pièces, notamment l’adaptation de la « Ferme des animaux » de George Orwell, bousculaient les conservatismes.
Il avait déjà été l’objet d’une agression il y a deux ans.
Il a signé le 17 octobre la pétition parue dans « Le Monde » sous le titre « Boycotter Israël c’est lutter pour une paix juste ».
Je me souviendrai de lui comme d’un ami chaleureux, gai, qui dégageait un certain charisme, et qui était volontiers provocateur pour mieux exprimer sa volonté de justice et de dénonciation de toute hypocrisie.
Il aimait la vie, il l’aimait « autant qu’il est possible » comme disait Darwich dans l’un de ses poèmes./p>
Mais maintenant que cela ne lui est plus possible, il nous appartient de continuer, à notre mesure, ses combats et ses idéaux.
Nous exprimons nos plus sincères condoléances à Jenny sa compagne, à ses proches et à toute l’équipe du Théâtre de la Liberté.
Une soirée d’hommage à sa mémoire aura lieu prochainement.
[/Pour l’UJFP,
Jean-Guy Greilsamer,
ancien président des « Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine »./]