Le mercredi 6 septembre, Jénine a fait l’expérience d’une nouvelle attaque inquiétante, qui jette encore plus de lumière sur les difficultés auxquelles font face les Palestiniens dans leur quête de sécurité, de liberté et d’auto-détermination. Le Freedom Theatre, qui continue d’être un phare de l’expression culturelle dans ces temps éprouvants, a une fois de plus été visé dans le cadre de cette opération agressive israélienne.

L’armée est entrée dans le camp et a arrêté Muhammad Naghnaghia, le frère d’Adnan Naghnaghia, notre technicien chef et oncle de Sadeel Naghnaghia qui a été assassinée en juin à l’âge de 14 ans par l’armée israélienne. Les actions de l’occupant ne se sont pas bornées à l’arrestation. Ils ont occupé le bâtiment du théâtre en s’en servant de bouclier contre tous combattants de la résistance qui pourraient tenter de se défendre contre l’agression israélienne et de la repousser.

Lorsque l’attaque a commencé, le producteur Mustafa Sheta et la comptable Isra Awartani étaient en discussion à propos de nos récents ateliers de création. Adnan Naghnaghia préparait une salle de réception pour des invités et Zaïd Al-Aïssa mettait la touche finale au visuel d’un festival à venir. Mo’men Al Sadi coordonnait des installations pour un monologue comique, Balad, avec Ihab Ghafri de Naplouse. Soudain, cette scène vibrante de créativité se mua en peur et en tension extrême.

Les assauts répétés sur notre théâtre perturbent notre travail et ébranlent son rôle de havre culturel et de sanctuaire de la libre expression pour enfants et adultes. Il rend aussi plus difficile de faire venir des invités du monde entier.

Notre collègue Ahmed Tobasi, directeur artistique du Freedom Theatre a exprimé ainsi les défis auxquels sont, confrontés le théâtre et ses missions : « Après l’invasion de juillet, nous avons été fiers de voir venir travailler avec nous des artistes et organisations de toute la Palestine. Pour autant, au bout d’un mois, de nombreux donateurs, organisations, journalistes et artistes se sont mis à hésiter à venir à Jénine, nous suggérant même de nous relocaliser à Ramallah. Mais nous restons engagés sur notre travail ici au Freedom Theatre dans le camp de Jénine, même s’il faut faire face à des invasions quotidiennes. C’est notre révolution ».

Il est devenu de plus en plus difficile d’accepter ou de refuser la sombre réalité que les gens de Jénine et de Palestine en sont venus à vivre au quotidien. Nous sommes toujours reconnaissants du travail et de la solidarité de nos alliés et amis internationaux. Mais le silence du monde face aux attaques répétées sur nos maisons et nos quartiers remplis de civils innocents soulève des questions cruciales. Pourquoi la communauté internationale continue-t-elle à tolérer les injustices infligées aux Palestiniens ? Pourquoi des individus comme Ibrahim, Bilal, Yahya, Mahmoud, George, Muhammad, Nader et d’innombrables autres sont-ils emprisonnés uniquement pour leur engagement à la cause palestinienne ? Pourquoi Israël n’est pas poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité quand il continue à violer le droit international des droits humains ?

Au cœur de l’adversité, l’esprit de résilience et la détermination brillent de tous leurs feux parmi les réfugiés du camp de Jénine, en particulier entre les murs du Freedom Theatre. La poursuite de l’expression artistique et la lutte pour la justice continuent, puisque nous refusons d’être réduits au silence par les défis qui nous cernent.

LE FREEDOM THEATRE – CAMP DE RÉFUGIÉS DE JÉNINE