L’association ATL Jénine est consternée d’apprendre que les services norvégiens d’immigration ont refusé d’accorder un visa à six étudiants de l’école d’art dramatique du Freedom Theatre qui devaient participer cet été à une tournée dans toute la Norvège.

Comme le dit une des six artistes, cette mesure injuste crée  » une nouvelle obscurité […], un autre mur qui nous encercle, une autre porte fermée. » Les jeunes acteurs devaient mener des échanges interculturels avec plusieurs théâtres et organisations qui déplorent d’être privés d’un partenariat stimulant. Aux côtés de tous les amis du Freedom Theatre, ATL Jénine demande instamment aux autorités norvégiennes d’annuler cette décision.

Communiqué, 17 juillet 2024

 Le Freedom Theatre, le Nordic Black Theatre, Karlsøyfestivalen, CrotonicX et Motforestillinger condamnent avec force le refus de visas à six jeunes artistes palestiniens. Les étudiants de l’école professionnelle d’art dramatique du Freedom Theatre devaient participer cet été à une tournée d’un mois en Norvège.

 “Cet acte injuste porte atteinte aux principes norvégiens fondamentaux de liberté d’expression. Il prive les publics norvégiens de la possibilité d’assister à des spectacles divers et enrichissants et de prendre connaissance en direct des expériences vécues par de jeunes artistes de Palestine.”

– Jarl Solberg, directeur général du Nordic Black Theatre

 Le Freedom Theatre bénéficie d’une renommée mondiale car il utilise les arts comme instrument de changement social et encourage une nouvelle génération dynamique qui se bat pour l’égalité, la justice et la libération en recourant à la culture. Récemment proposé pour le Prix Nobel de la paix, le Freedom Theatre montre par l’exemple que l’expression créative peut relever le défi de l’oppression et nourrir la résilience, en inspirant les femmes et les hommes du monde entier et en les aidant à imaginer un avenir construit sur la base de valeurs partagées.

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La censure des artistes palestiniens

 “Lorsque les Palestiniens font face au génocide à Gaza et que, semaine après semaine, des invasions ont lieu en Cisjordanie, y compris dans le camp de Jénine, il est profondément troublant pour de jeunes artistes d’être ainsi réduits au silence. Il est essentiel pour notre survie en tant que Palestiniens de parler au monde de la violence à laquelle nous faisons face. Je me demande pourquoi la Norvège voudrait empêcher de jeunes artistes de partager leurs expériences. J’espère que cette décision pourra être annulée, et que nos étudiants pourront s’exprimer sur le plan artistique sans craindre la censure ou les contraintes.”

– Ahmed Tobasi, directeur artistique du Freedom Theatre

 La censure, chez eux et à l’étranger, est une réalité brutale à laquelle les Palestiniens font face. Les artistes se voient systématiquement refuser des visas au niveau international, entre autres pour aller en Norvège. Pendant des décennies, Israël s’est efforcé de détruire l’héritage culturel palestinien ainsi que de cibler et d’emprisonner les artistes.

 Le Freedom Theatre a connu plus d’une décennie d’attaques menées par Israël et une censure constante sur le plan international. En décembre 2023, le Freedom Theatre faisait les gros titres des médias norvégiens et le secteur culturel du pays exprimait une horreur commune lorsque l’armée israélienne a saccagé le bâtiment du camp de Jénine et braqué ses armes sur trois artistes qu’elle est allée chercher chez eux. Ces hommes étaient le directeur artistique Ahmed Tobasi, Palestinien détenant un passeport norvégien, le directeur général Mustafa Sheta et un acteur récemment diplômé, Jamal Abu Joas. Alors que Tobasi et Abu Joas ont été libérés, Mustafa Sheta est toujours maintenu en détention par l’armée Israélienne et pratiquement privé de tout contact.

 À Gaza, entre le 7 octobre et le 12 juillet, Israël a tué 152 journalistes palestiniens, selon Euro-Med Human Rights Monitor. L’universitaire et poète Refaat Alareer en 2023, le caricaturiste Naji Al Ali en 1987 ou l’écrivain Ghassan Kanafani en 1972 comptent parmi les artistes palestiniens les plus illustres assassinés par Israël.

 

Impact sur la communauté artistique palestinienne et norvégienne

 “Cela nous rappelle brutalement les frontières imposées, les rêves reportés à plus tard et la lutte pour amplifier nos voix au milieu du chaos—une nouvelle obscurité où sont plongés l’art et notre persistance, un autre mur qui nous encercle, une autre porte fermée. Ici, chaque instant est un combat pour l’existence, chaque respiration est un défi. Nous nous battons pour affronter les obstacles et transcender les limites grâce à l’art, et pourtant la réalité nous enferme. Je crois que l’art a le pouvoir de transformer la souffrance en détermination, et c’est pourquoi j’écris ces mots. »

– Aya Samara, étudiante en art dramatique au Freedom Theatre

 Alors que le programme de ces jeunes artistes prévoyait leur participation à une tournée d’un mois dans toute la Norvège, le refus de leur accorder des visas porte atteinte, non seulement au Freedom Theatre mais à des organisations culturelles et festivals nombreux et prestigieux partout en Norvège.

​La large gamme de partenaires norvégiens touchés par ce refus comporte un festival renommé, le Karlsøyfestivalen, et le théâtre international Rosendal, qui mène des recherches novatrices. Un échange culturel financé par la municipalité d’Oslo, impliquant des jeunes d’un théâtre apprécié, le Nordic Black Theatre, est également compromis, mettant en danger l’étape suivante d’une collaboration interculturelle dans le cadre d’un partenariat avec le Freedom Theatre entrepris il y a quinze ans.

 

Appel à annuler cette décision

 Le Freedom Theatre, le Nordic Black Theatre, Karlsøyfestivalen, CrotonicX et Motforestillinger demandent instamment à l’UDI (Direction norvégienne de l’immigration) de réexaminer de façon urgente le refus de ces visas plutôt que de contribuer à la violence et à la censure auxquelles les artistes palestiniens sont exposés chez eux et au niveau international.

​Nous soulignons que le fait d’imposer aux détenteurs d’un passeport palestinien de demander un visa, alors que cette exigence ne s’applique pas aux détenteurs d’un passeport israélien, constitue déjà une discrimination flagrante.

​Nous engageons le ministère des Affaires étrangères à reconnaître l’importance des échanges culturels et à faciliter la circulation des artistes par-delà les frontières, plutôt que de l’entraver.

Pour les contacts presse : pressthefreedomtheatre@gmail.com

Photos: https://drive.google.com/drive/folders/1IXtchXFRvm083WMWvsYNh24C-Gqj13z0?usp=share_link

Pour des informations plus complètes (en anglais) :