MUSTAFA SHETA, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU FREEDOM THEATRE, A ÉTÉ RELÂCHÉ DE SA PRISON ISRAÉLIENNE
Au bout de quinze mois de « détention administrative » sans inculpation, Mustafa Sheta est libre. Comme les autres prisonniers palestiniens, il a été frappé, délibérément sous-alimenté (il a perdu 40 kg), humilié, et s’est vu refuser l’accès à des informations, des livres, un stylo, du papier. C’est par hasard qu’il a appris que le camp avait été envahi. Il a demandé s’il y avait des morts parmi ses enfants et n’a reçu aucune réponse. Dès sa libération, il a exprimé sa hâte de reprendre la mission du théâtre, qui doit faire savoir au monde ce que subissent les Palestiniens sous occupation israélienne.
LE CAMP DE RÉFUGIÉS DE JÉNINE AUJOURD’HUI
Le camp est vide. Depuis le 21 janvier, 20 000 habitants ont été forcés à partir en ne prenant que ce qu’ils pouvaient porter. Désormais sans logis, ils sont hébergés par des parents ou des amis dans des villages des environs, des mosquées, des salles des fêtes. Selon le maire de Jénine, 3 250 logements sont devenus inhabitables, sont partiellement ou complètement détruits, et « des bulldozers israéliens continuent à démolir, à faire sauter ou à incendier des maisons palestiniennes ». Toute personne tentant de revenir dans le camp peut se faire tirer dessus et augmenter la liste des centaines de tués et des milliers de blessés en Cisjordanie depuis octobre 2023. De nouvelles rues dotées de noms hébreux, assez larges pour que des chars puissent y circuler, remplacent les ruelles du camp. On pense que l’armée israélienne restera à Jénine jusqu’à la fin de l’année.

– Graffiti des forces d’occupation israéliennes (FOI) à l’entrée du Freedom Theatre
– Les FOI hissent un drapeau israélien sur le Freedom Theatre
LE FREEDOM THEATRE
Le théâtre a été fortement détérioré l’an dernier, son mobilier a été volé ou détruit. Il ne peut plus être utilisé, se trouvant dans une zone de guerre où les Israéliens positionnent des snipers, et qui n’est donc pas sûre. Cependant, depuis longtemps, le Freedom Theatre loue un lieu à Jénine Ville : les activités du théâtre ont été déplacées vers ce lieu plus sûr. Ce lieu comporte des bureaux et une salle pouvant accueillir les répétitions ou les représentations. Comme toujours, le Freedom Theatre est résolu à continuer.
ET MAINTENANT ?
- Les enfants d’abord. L’équipe du Freedom Theatre a organisé des activités pour les enfants déplacés dans différents villages et qui sont dans le vide, sans école, sans activités régulières.
- Depuis sa libération, Mustafa Sheta a reçu plusieurs offres d’aide. Parmi les soutiens qui se sont manifestés : le Palestinian Performing Arts Network (Réseau palestinien des arts de la scène, la Fondation A.M. Qattan, basée à Ramallah, la fondation allemande Rosa Luxemburg Stiftung, et le département des arts de l’Université arabe américaine de Jénine, ainsi que de nombreux bénévoles.
- Pour rétablir la situation du Freedom Theatre telle qu’elle était avant que les attaques meurtrières de l’armée israélienne et des colons armés ne perturbent violemment la vie de tous les habitants de la CIsjordanie, Mustafa Sheta a besoin de recruter du personnel. Cela demandera du temps et de l’argent.
PENDANT CE TEMPS
Un ensemble d’étudiants en troisième année de l’école d’art dramatique du Freedom Theatre prépare une nouvelle production de la pièce primée du Freedom Theatre, Return to Palestine. Mise en scène par Micaela Miranda, la pièce sera présentée du 28 mai au 1er juin dans le cadre du festival Shubbak au Royaume-Uni. Basée sur des récits recueillis dans des villes et villages de Cisjordanie lors des tournées de « playback theatre » du Freedom Bus organisées par le FT, cette pièce a été présentée pour la première fois dans différents lieux de Palestine en 2016.

Affiche Return to Palestine
Des membres du Freedom Theatre et de son Conseil d’administration se rendront en Suède en septembre pour examiner quelles options s’offrent au théâtre dans l’urgence actuelle. Une des rencontres sera diffusée en direct pour que les sympathisants du théâtre puissent y participer. Mo’men Al-Sadi, du Freedom Theatre, organise des ateliers d’art dramatique au camp de réfugiés d’Askar avec le théâtre Messages de Naplouse grâce à une subvention de la fondation suisse Drosos.
LA SUITE…
Pendant que l’armée israélienne attaque la Cisjordanie avec une violence meurtrière, le Freedom Theatre répond par l’art. Comme Mustafa Sheta et Zakaria Zubeidi ont été récemment libérés de prisons israéliennes, une pièce sur ce que vivent les prisonniers palestiniens est programmée. On entend beaucoup parler du triste sort des « otages israéliens » détenus par le Hamas mais peu de choses sont dites sur le traitement de milliers de Palestiniens dans les prisons israéliennes.