Depuis fin mai 2016, c’est Mustafa SHETA qui est à la tête du Théâtre de la Liberté de Jénine, comme secrétaire général.
Se félicitant de la nomination de Mustafa SHETA et quittant la fonction de directeur exécutif dont il annonce la suppression, Jonatan STANCZAK exprime, dans le discours traduit ci-après, son engagement et son attachement au Freedom Theatre et à la résistance palestinienne.
Nabil AL RAEE, directeur artistique du théâtre, et Micaela MIRANDA, directrice de l’école de théâtre, poursuivent leur mission.

Mesdames, messieurs, amis et camarades, collègues et proches,

Quand je me tourne vers le passé, il me semble que c’est hier que j’ai rencontré Zakaria Zbeidi pour la première fois et qu’il m’a parlé de la nécessité de mettre en place une résistance culturelle s’ajoutant à la résistance armée.

Il me semble que c’est hier quand je repense à la création du Freedom Theatre (Théâtre de la liberté) en février 2006 et à la naissance, dans ce même bâtiment, d’un mouvement culturel de libération fondé sur les valeurs de la liberté.

Il me semble que c’est hier que j’ai appris au téléphone que Juliano avait été brutalement assassiné.

Dix années se sont écoulées, dix années pleines d’émotions, de joie et de peine, d’espérance et de désespoir. Nous avons considéré comme normal d’être ballottés entre ces sentiments opposés. Nos vies sont soumises à plus d’un système d’oppression.

Mais, malgré toutes les forces qui se sont exercées contre nous, nous avons eu le dessus et sommes aujourd’hui plus forts que jamais, unis à la communauté dont nous faisons partie, assoiffés de liberté. Au sein de la résistance palestinienne aux multiples facettes, notre position est celle d’un camarade digne de confiance.

Le plus grand honneur de ma vie est d’avoir été convié à rejoindre le mouvement palestinien de libération, ce qui m’inspirera une reconnaissance éternelle.

Le fonctionnement démocratique est exposé à un danger : c’est la corruption résultant d’un excès de pouvoir, et le fait qu’un maintien trop prolongé au pouvoir porte atteinte à la capacité de diriger.

Aussi, pendant la période où j’ai été directeur exécutif du Théâtre de la liberté, ai-je pris toutes les décisions permettant de renforcer les valeurs fondamentales que la résistance juste s’emploie à réaliser.

Ces valeurs sont l’égalité, la liberté, l’honnêteté, la transparence, la bravoure, la confiance, l’amour pour autrui et pour la cause plus vaste de la Palestine. Mais, pour qu’il ne s’agisse pas de slogans creux, il a fallu procéder à des changements radicaux ici et maintenant.

C’est facile de montrer quelqu’un d’autre du doigt, mais c’est beaucoup plus difficile de se montrer du doigt soi-même.

C’est pourquoi il est si important de bâtir au présent une vision de l’avenir, brique par brique, en commençant par nous-mêmes. Cette initiative prise au sein du Théâtre de la liberté pour extirper le pouvoir autoritaire et stimuler la créativité, la responsabilité et l’engagement, nous l’avons dénommée “Kill the Modir” – « Tuer le directeur ».

Un autre principe essentiel, si vous voulez jouer un rôle dirigeant, c’est de représenter votre communauté ; moi qui suis un étranger, je ne peux pas le faire correctement. De plus, le poste que j’occupe m’a été confié à titre d’invité.

Dès le premier jour, j’ai donc eu pour but de me rendre superflu.

J’ai eu récemment l’honneur et le plaisir de suggérer au bureau du Théâtre de la liberté que Mustafa Sheta, camarade et dirigeant talentueux, prenne la fonction de secrétaire général. J’ai aussi suggéré que le poste de directeur exécutif soit supprimé.

À ma grande joie, la demande que j’ai formulée visant à poursuivre ma contribution au travail du Théâtre de la liberté en tant que membre du personnel a été acceptée.

Ce que nous avons réalisé ensemble m’inspire une vive fierté. Mais je ne suis pas naïf. Je sais que de grands défis nous attendent et j’aimerais, pour terminer, m’adresser à vous, membres fidèles du Théâtre de la liberté et vous remercier du fond du coeur pour votre engagement.

L’avenir du Théâtre de la liberté est entre vos mains.

Je reste à jamais engagé en faveur du mouvement palestinien de libération.

Jonatan STANCZAK, 26 mai 2016