3 juillet 2023
En Cisjordanie occupée, dans la nuit du 2 au 3 juillet, Israël a lancé une offensive d’une extrême violence contre la ville et le camp de réfugiés de Jénine, où les attaques israéliennes se succèdent sans relâche depuis des mois. Rien qu’en juin, sept personnes y ont été tuées, dont deux jeunes de 15 ans. Mais l’assaut donné actuellement par les forces d’occupation est d’une intensité sans précédent depuis 2002.
L’armée israélienne déploie sur le terrain un millier de soldats, 150 blindés, des bulldozers militaires qui défoncent les rues et détruisent les infrastructures d’eau et d’électricité, et lance des frappes aériennes meurtrières (hélicoptère et drones). Elle empêche les ambulances d’évacuer les blessés et prend les journalistes pour point de mire. On dénombre à ce jour dix morts, dont trois enfants, et une centaine de blessés. Des civils ont été atteints par des tirs à leur domicile.
Il est difficile d’avoir des informations directes de la part de nos amis du Freedom Theatre (Théâtre de la Liberté). Ils sont sous la menace permanente du feu israélien et privés de liaisons internet.
Selon de rares contacts, la cour du théâtre a été pilonnée ou bombardée. Pour l’instant, on ignore l’ampleur des dommages subis par les bâtiments. Il semble que des soldats aient envahi le théâtre. Les habitants ne peuvent se déplacer à l’intérieur du camp, car la menace est partout. Ils seraient 3000 ou plus à avoir fui pour se mettre à l’abri ailleurs.
L’état-major israélien dit que ses opérations sanglantes visent à détruire des cibles définies comme « terroristes », et ne cesseront que lorsque les objectifs seront atteints. L’offensive actuelle s’inscrit dans la politique gouvernementale israélienne : son but est de semer la terreur afin d’écraser toute résistance. Or, Jénine est un haut-lieu de la résistance palestinienne, y compris culturelle.
Jénine résiste, et c’est pour cela que l’occupant s’acharne. En 2002, le camp a été méthodiquement et sauvagement démoli : de très nombreux morts, des milliers de sans-abri. Mais Jénine avait résisté : 23 soldats israéliens avaient perdu la vie. Jénine résiste : les jeunes générations ressentent l’absence d’une force dirigeante qui puisse les protéger, l’Autorité Palestinienne est loin de jouer ce rôle, alors elles passent à l’action. Le mois dernier, des groupes palestiniens ont contre-attaqué, détruisant notamment un blindé israélien au moyen d’un engin explosif. L’armée d’occupation récidive, s’affirmant résolue à venir à bout de cette résistance, mais les réfugiés du camp, toutes générations confondues, protègent les jeunes résistants armés, malgré l’horreur, malgré les morts, malgré les maisons rasées, malgré les martyrs, pour transmettre la dignité d’être un être humain à leurs enfants, nous dit Mustafa, le directeur du théâtre (voir sa déclaration du 3 juillet sur le site d’ATL Jénine). Et c’est la raison d’être du Freedom Theatre.
Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, nous apportons le plus ferme soutien à toute la communauté du Freedom Theatre : personnel, acteurs et intervenants, familles et proches. Faisons connaître les évènements actuels et leur contexte aussi largement que possible, face aux carences ou à la malhonnêteté des médias, à l’apathie ou à la franche complicité des autorités internationales. La propagande d’Israël est insidieuse, car elle repose sur des décennies de croyances infondées et d’ignorance. Brisons ce mur de silence et d’indifférence. Intervenons auprès de toutes les instances notamment diplomatiques pour les rappeler à leurs devoirs d’humanité et de justice. Et continuons à être aux côtés du Freedom Theatre de Jénine pour lever, ou au moins alléger, la chape de plomb de l’occupation, pour qu’il puisse créer des spectacles, former des enfants et des jeunes, donner des représentations partout dans le monde, ce que les attaques répétées de l’armée l’empêchent de faire.
ATL Jénine, le 3 juillet 2023