Le camp d’Aïda et le Centre culturel Al Rowwad violemment attaqués par les forces d’occupation israéliennes

9/12/2024

Chers amis

Le camp d’Aïda est attaqué.

Al Rowwad a été transformé en centre de détention et d’interrogatoire par l’armée d’occupation israélienne. *

Après minuit et jusqu’au matin du 3 décembre 2024, les forces coloniales israéliennes ont envahi le camp de réfugiés d’Aïda. Elles sont entrées dans le bâtiment principal d’Al Rowwad et ont détruit toutes les portes intérieures, ainsi que de nombreuses autres choses. Les soldats israéliens sont entrés de force dans de nombreuses maisons et ont violemment enlevé des dizaines de jeunes gens des camps d’Aïda et de Beit Jibrin (65 au total) pour les emmener dans les locaux de la Société culturelle et artistique d’Al Rowwad. Le bâtiment a été transformé en centre d’interrogatoire du Shin Bet israélien (Shabak). Pendant les cinq heures qu’a duré cette opération dans les deux camps ainsi que dans les environs, les jeunes, les yeux bandés et menottés, ont été battus et insultés. Quinze jeunes gens du camp de réfugiés de Beit Jibrin et environ cinquante d’Aïda ont été détenus et interrogés dans les locaux d’Al Rowwad, qui sont désormais marqués comme centre d’opérations Shabak israélien. L’extérieur du bâtiment porte de larges inscriptions l’identifiant comme centre de l’intelligence israélienne, spécifiquement pour les camps d’Aïda et de Beit Jibrin.

À l’intérieur, les murs ont été couverts de tracts annonçant de nouveaux raids, avec des messages menaçant que le bâtiment servirait de centre d’interrogatoire lors d’opérations prochaines.

Aujourd’hui, le 3 décembre, nous avons dû annuler certaines activités à cause des dommages importants. Le système DVR, les appareils photos, les murs, peintures, la bibliothèque, les jeux éducatifs pour enfants, les bureaux, les portes, l’équipement, les installations d’air conditionné, les machines à coudre de l’unité pour l’indépendance des femmes et même les refroidisseurs d’eau ont été vandalisés et détruits. Les murs ont été défigurés avec des dessins du drapeau israélien, des messages de haine et des slogans tels que « ici, c’est la banlieue des nations israéliennes ».

La somme totale pour réparer les dommages est un poids important pour notre organisation qui opère déjà avec des ressources très limitées. Ces actions font partie d’un schéma plus vaste de violations contre les organismes de la société civile palestinienne. Elles ont pour but d’effacer l’identité et l’existence palestiniennes en s’attaquant aux lieux qui encouragent l’indépendance des jeunes, des femmes et des enfants.

Al Rowwad a été fondé et travaille toujours pour sauver des vies et inspirer l’espoir, apporter un refuge et un soutien, offrir un lieu de sécurité loin du traumatisme des camps de réfugiés et de la présence oppressive des forces coloniales israéliennes et du génocide en cours non loin de nous. La population, les résidents des camps de Cisjordanie, y compris le camp d’Aïda, vivent déjà sous une intense pression, sous oppression et sous le traumatisme des raids incessants, tout comme de l’insuffisance des ressources, des médicaments et des nécessités de base. Les actes de violence gratuite et les agressions déshumanisantes comme celle-ci ne servent qu’à approfondir le traumatisme générationnel, rouvrir de vieilles blessures et intensifier la souffrance des Palestiniens.

Nous en appelons à la communauté internationale pour qu’elle observe précisément les actions brutales du régime colonial israélien. Nous vous implorons de condamner ces actions et d’exiger une protection internationale des Palestiniens et des institutions de la société civile. Nous appelons de plus au renforcement du droit humanitaire qui doit adresser les pratiques coloniales systématiques violant tous les aspects des lois – le génocide, les assassinats ciblés et non ciblés, les arrestations arbitraires et le harcèlement des civils palestiniens.

À Al Rowwad, nous sommes profondément inquiets que les forces israéliennes et Shin Bet poursuivent l’utilisation de nos bâtiments comme centre d’interrogatoire. Cela constitue une menace directe non seulement contre nous, mais contre les résidents du camp, spécialement les jeunes, les enfants et les femmes. Le vandalisme de nos locaux et la disparition de certains documents et plans stratégiques compromettent la vie d’Al Rowwad, surtout dans le contexte des fermetures d’organisations de la société civile palestinienne par les lois de guerre.

Nous ne nous laisserons pas intimider par ces actions. Ils vont continuer à détruire, mais nous continuerons de construire un meilleur avenir des générations futures.

Merci pour votre aide à réparer les dommages et à repartir plus forts qu’avant.

Abdel Fattah Abou Srour, directeur du Centre culturel Al Rowwad, camp d’Aïda, Bethléem