Le Freedom Theatre a été invité cet été dans trois festivals où ATL Jénine l’a accompagné.
Nous revenons ici sur les éléments marquants de cette tournée.

MIRAMAS NUITS MÉTIS

Une table ronde a réuni Zoe Lafferty et Ahmed Tobasi du Freedom Theatre, Mylène Sauloy de l’association Marcho Doryila qui a organisé leur venue, Salwa Jaradat musicienne et chanteuse palestinienne ainsi que Zeid Hamdan musicien libanais.

Le thème était : Création en zone de conflits : l’art un outil de résistance culturelle – Soutenir les artistes en Zone de conflit est crucial pour préserver leur créativité, leur dignité et leur capacité à raconter des histoires de leur communauté malgré les défis qu’ils affrontent.

– Ahmed Tobasi a retracé l’histoire du Freedom Theatre depuis les origines avec le Stone Theatre d’Arna Mer Khamis.

– Zoe Lafferty a parlé de la politique d’éradication de la culture palestinienne par Israël : censure, violence, prison, assassinat. Les occidentaux ont beaucoup à apprendre des Palestiniens sur la façon de résister au niveau culturel.

– Mylène Sauloy : Tant qu’on transmet culture et beauté, un peuple ne meurt pas. Les artistes sont des porteurs de culture.

– Salwa Jaradat, Palestinienne de Ramallah, a étudié la musique à Beyrouth où elle vit. Elle s’est particulièrement intéressée à la place des femmes résistantes dans le monde de la musique, notamment lors du mouvement de grève générale de 1936 où les hommes, les leaders palestiniens, sont arrêtés par les Anglais et où les femmes s’émancipent et créent la première radio palestinienne.

– Zeid Hamdan qui se considère comme mixte culturellement. Il ne parlait que français au Liban. La langue est un moyen de domination et une façon de façonner la pensée.

Sujet passionnant et permanent pour ATL. Chaque intervenant.e a montré la diversité et la richesse de ses expériences, témoignages de la résistance culturelle en zone de conflit.

Les autres tables rondes portaient sur la coopération décentralisée des collectivités territoriales dans les Bouches du Rhône.

DIEULEFIT FESTIVAL OASIS BIZZ’ART

Les organisateurs du festival ont été particulièrement accueillants et sympathiques.

Le festival a présenté des spectacles en plein air, très divers, auxquels nous avons pu assister depuis notre table très bien placée entre la sécurité sociale de l’alimentation et la sérigraphie !

Pas mal de passage à notre table dont un long échange avec un Israélien qui s’est exilé il y a 20 ans après avoir servi 3 ans à Gaza et rejeté la violence, mais qui ne comprend pas qu’Israël a colonisé la Palestine…Nous lui avons vendu le livre de JP Bouché, Palestine : plus d’un siècle de dépossession, en espérant le faire avancer.

Samedi il y a eu un café-rencontre animé par Mylène, sur Culture et Tolérance, avec Salwa Jaradat, qui va venir en France en novembre, Ziza Youssouf, musicien mauritanien de l’ensemble ResisTranse dont Salwa fait partie ; lui est réfugié en France depuis plusieurs années pour raisons d’opposition politique et culturelle au régime mauritanien.

Sonia est intervenue pour présenter le Freedom (Ahmed et Zoe auraient dû le faire mais ils étaient partis en Avignon) et ATL. Elle a insisté non pas tant sur la tolérance que sur le rôle puissant de l’action culturelle et de la création artistique pour que la société palestinienne puisse rester forte face aux tentatives génocidaires et à l’attaque directe de la vie culturelle, des acteurs et des équipements artistiques (exemple des destructions très symboliques à Jénine de la porte d’entrée du camp et du cheval géant).

Elle a invité l’assistance à se rapprocher d’ATL, voire à y adhérer.

Si l’assistance était peu nombreuse (10h du matin) elle a été très attentive et l’ensemble a été très intéressant.

 

Ateliers
Salwa a animé un atelier le samedi à Dieulefit, auquel nous avons participé et où elle nous a appris trois chants.

Ahmed et Zoe en ont animé un comme ils savent le faire, le dimanche ; aucun de nous n’y était.

 

AHIA

And Here I Am, la pièce phare du Freedom Theatre, été jouée le lundi soir, hors festival, dans une salle de la ville de Dieulefit, la Halle, devant 250 personnes, pas mal pour une ville de 3 mille habitants.

Sans revenir sur l’accueil très chaleureux des organisateurs et de celui du public, très réceptif, ajoutons que lundi soir a été un très grand succès, puisqu’il a fallu rajouter des chaises dans la salle pour recevoir le public.

Avignon : L’invitation de AHIA, négociée in extremis par Sens Interdits qui coordonne la tournée du Freedom en France, a permis que la pièce soit donnée dans le festival Off, au théâtre des Carmes- André Benedetto, le samedi 6 juillet à 20h.

Salle comble, public enthousiaste, quelques belles rencontres à l’issue du spectacle mais pas le temps de s’éterniser, Zoe et Tobasi devant rentrer à Dieulefit pour leurs engagements.

Mais il y a quand même eu une brève rencontre entre Tobasi et Michèle Addala, fondatrice et directrice du théâtre de l’Entrepôt et de la Compagnie Mises en Scène, dont les deux protagonistes ont retiré une très bonne impression : un passage dans ce théâtre pour le Freedom un de ces jours ?

Un bon nombre de personnes ont laissé leur mail pour être tenues au courant des spectacles du Freedom.

 

ÉCHANGES PRIVÉS AVEC LE FREEDOM

Infos et commentaires de Tobasi en réponse à des questions posées par Mohamed :

– Mustafa Sheta, le directeur du théâtre arrêté en décembre dernier et en détention administrative depuis : pas de nouvelles depuis 3 mois. Seul l’avocat peut le voir et lui transmettre une lettre. La famille peut le voir lors d’une audience au tribunal. A la dernière audience, on a prolongé sa détention de 4 mois.

Ahmed Tobasi est obligé d’assurer de son mieux le fonctionnement du FT, en plus de la direction artistique.

L’absence de Mustafa se fait ressentir, alors que le FT est de plus en plus connu à l’extérieur. Zoe a dit : si Juliano revenait, il serait très surpris de voir combien le FT est connu dans de très nombreux pays. Même Zoe est surprise de son succès.

– Les activités pour les enfants se maintiennent. Le projet de camp de vacances est en préparation et aura lieu cet été.
– Malgré la situation de repli du camp de Jénine, les femmes sont présentes au FT. Quatre d’entre elles ont une participation assidue comme formatrices.

– À Périgueux la salle était presque entièrement pleine pour la représentation de la nouvelle pièce du Freedom Theatre mise en scène par Hervé Loichemol, Le Métro de Gaza. Tobasi remarque la présence de beaucoup de jeunes, ce qui n’était pas le cas avant !

– Le jour où il a été arrêté avec Mustafa par un barrages de colons, ils ont été frappés, c’est l’armée israélienne qui est venue à leur secours, sinon ils se faisaient lyncher.

UN PETIT MOT EN PLUS

Mylène a été particulièrement efficace et chaleureuse pour que tout se passe au mieux pour le Freedom, y compris pour nous. Elle a pris l’initiative d’organiser une vente aux enchères de sculptures le soir de la représentation de AHIA à Dieulefit, au profit exclusif du Freedom Theatre.

Pour notre part, c’était une belle expérience, atténuée malgré tout par la tristesse d’Ahmed, qui nous a dit qu’il était très chanceux de nous – ATL – avoir, que nous étions sa famille.

Très émouvant.

 

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