Dans la nuit du 5 au 6 septembre 2021, six Palestiniens se sont évadés de la prison israélienne de Gilboa. Parmi eux, Zakaria Zubeidi, l’un des fondateurs du Freedom Theatre de Jénine.
Le soutien international est crucial dans ce moment critique où les évadés, repris, sont soumis à des sévices et privés des droits minimaux accordés aux détenus.
Nous, à ATL Jénine, sommes particulièrement sensibilisés au sort des réfugiés du camp de Jénine, parce que nous sommes les amis du Freedom Theatre inséparable de l’histoire du camp, de ses combattants, de l’acharnement israélien contre ses habitants et de la solidarité internationale qui s’y est développée.
Toutes les familles ont ou connaissent quelqu’un qui est en prison ou a été emprisonné et toutes les familles ont leurs martyrs.
L’armée israélienne s’est livrée en 2002 à la plus sauvage et meurtrière invasion et destruction de ce camp emblématique du refus de l’effacement des Palestiniens.
Dans la nuit du 5 au 6 septembre 2021, six Palestiniens tous de Jénine, se sont évadés de la prison israélienne de Gilboa: Yaqoub Qadri, Mahmoud Abdullah, Zakaria Zubeidi, Mohammad Ardah, Ayham Kamamji et Mounadel Infeiat.
Zakaria Zubeidi, qui était le leader des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa affiliées au Fatah, n’a jamais renié l’idée de lutte armée contre la colonisation de son pays, contrairement à ce qui a souvent été affirmé, y compris dans le mouvement de soutien à la Palestine pour mettre en avant une résistance palestinienne non-violente qui plaise aux organisations pacifistes. Zakaria l’a clairement déclaré dans l’interview filmée qu’il a accordée en mai 2008, dans le camp de Jénine, au Freedom Theatre, à Chris Den Hond et Mireille Court. Il a revendiqué la nécessité de se battre contre l’occupation coloniale de la Palestine jusqu’à ce que les Palestiniens soient rétablis dans leurs droits (droit au retour, droit à la terre, droit à l’autodétermination et à la souveraineté). Mais dans cette même interview, il a déclaré « la culture, un moyen de résistance ». En 2006, il avait en effet, avec Juliano Mer Khamis et Jonatan Stanczak, fondé le Freedom Theatre, dans le prolongement de l’immense travail d’Arna Mer Khamis auprès des enfants du camp pendant la première Intifada. Le film de Juliano Mer Khamis, Les Enfants d’Arna, a donné à voir ce travail et l’importance qu’il a eue dans la vie de ces enfants, malheureusement fauchée par la violence de la guerre, pour la plupart.
Zakaria Zubeidi a survécu et porté, avec le Freedom Theatre, le message de l’importance de la culture dans la résistance. Zakaria, Juliano Mer Khamis, assassiné en 2011, et ses successeurs au Freedom Theatre, n’ont eu de cesse de faire vivre la résistance culturelle dans le camp de réfugiés de Jénine et au-delà. Les associations d’Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, dont la nôtre, ont organisé avec eux des tournées théâtrales dans nos pays, des conférences, des rencontres avec d’autres troupes. Nous soutenons particulièrement le Programme Enfants animé par Ahmad Tobasi, le directeur artistique du théâtre, qui permet aux enfants du camp d’avoir des activités récréatives et éducatives régulières et, pour certains, arrivés en fin d’adolescence, d’accéder à l’école de théâtre du Freedom qui vient de diplômer sa septième promotion.
Les six évadés de la prison de Gilboa ont réalisé un acte inimaginable que seule leur foi en la Palestine et en la résistance a rendu possible. Même s’ils ont été repris, leur évasion a suscité un grand enthousiasme, mettant à bas l’image du « plus fort » d’Israël et renforçant la critique de son mépris du droit. Ainsi que l’a dit publiquement la militante israélienne Orly Noy, « c’est comme si Goliath voyait le monde à travers les yeux de David et insistait pour se présenter comme une victime, alors même qu’il maltraite le faible et fait fi du droit international. Incarcérer un habitant des territoires occupés en dehors desdits territoires, par exemple, est contraire au droit international. L’incarcération de Zubeidi et de ses amis dans la prison de Gilboa était en soi illégale et un crime de guerre ».
Le soutien international est crucial dans ce moment critique où les évadés repris sont soumis à des sévices et privés des droits minimaux accordés aux détenus. Israël se croit tout permis, mais des voix se sont élevées un peu partout dans le monde pour exiger le respect des personnes et la fin de l’impunité.
Nous nous associons à la pétition destinée à déclencher une intervention du gouvernement français, pour qu’il interpelle immédiatement le gouvernement israélien pour le respect des droits des prisonniers politiques palestiniens.
Voici le lien pour signer la pétition :
https://www.wesign.it/fr/droitshumains/appel-a-la-protection-immediate-des-6-prisonniers-palestiniens-evades-et-re-arretes-par-israel
Les six de Jénine et tous les autres prisonniers politiques palestiniens doivent être libérés des geôles israéliennes.
ATL Jénine – Les Amis du Théâtre de la Liberté du camp de réfugiés de Jénine en Palestine occupée, 25 septembre 2021