Depuis le mardi 21 mai, la ville et le camp de réfugiés de Jénine sont attaqués par l’armée israélienne qui a fait irruption de nuit avec une armada de tanks et de drones. Les habitants sont enfermés chez eux. Des morts, des blessés. Une population terrorisée, déjà privée d’électricité et peut-être d’eau et de nourriture si la situation se prolonge . Des maisons démolies. Des rues éventrées. Voyez ci-dessous le témoignage d’Ahmed Tobasi et un extrait d’émission de Democracy Now, une chaîne de TV progressiste américaine.
Ahmed Tobasi est le directeur artistique du Théâtre de la Liberté de Jénine (Freedom Theatre) dont nous sommes, en France, l’association amie. Depuis le mois de mars il a monté avec les comédien.nes de la troupe une nouvelle pièce dont la dernière répétition devait se faire le mercredi 22 mai avant une première représentation. Cela a été impossible. Un des acteurs a réussi à sortir du camp et à expliquer la situation. Ahmed est enfermé chez lui.
Il faut faire savoir le plus largement possible ce qu’il se passe à Jénine en ce moment, une fois de plus, contre le peuple palestinien et notamment contre cette résistance que nos amis appellent l’intifada culturelle.
Democracy Now :
« En Cisjordanie occupée, l’armée israélienne a assailli la ville de Jénine, dans le Nord, mardi aux premières heures, tuant au moins huit Palestiniens, dont un médecin abattu alors qu’il se rendait au travail et un adolescent qui roulait à bicyclette. Une grosse dizaine de personnes ont été blessées, dont un journaliste.
Motasem Abu Hasan, un acteur du Freedom Theatre dans le camp de réfugiés de Jénine, rescapé de l’invasion, décrit l’offensive en cours contre le camp:
“Ils tirent des coups de feu sur tout”, dit Abu Hasan.
Le Freedom Theatre était sur le point de représenter pour la première fois leur première pièce depuis le 7 octobre, qui s’inscrit dans une volonté d’ensemble de partager le récit palestinien et de “révéler la vérité sur l’occupation israélienne”.
Le raid a commencé au moment même où l’Espagne, l’Irlande et la Norvège s’ajoutaient aux États européens qui ont reconnu l’État palestinien.
“C’est un résultat de l’intifada culturelle”, dit Abu Hasan.
“C’est pourquoi nous croyons vraiment au pouvoir du récit, en particulier au Freedom Theatre, en Palestine, au camp de Jénine. »
« Jusqu’à présent, je suis vivant.
Nous ne savons pas ce qui se passe. Avez-vous des infos sur le moment où ils partiront?
Nous sommes dans la maison et partout autour de nous il y a des explosions. D’énormes explosions.
Il y a des snipers partout, nous gardons donc les fenêtres fermées et nous ne nous en approchons pas.
Les drones sont très bruyants et volent très bas.
De nombreuses maisons ont été détruites et incendiées.
Ils font à leur aise, détruisant tout avec d’énormes bulldozers.
Jouissant du contrôle total qu’ils ont sur nous.
On ne peut aller nulle part. II fait tellement chaud et les enfants sont en sueur, avec des moustiques partout.
Il n’y a pas d’électricité, et nous essayons de faire des choix judicieux sur la façon d’utiliser le peu d’eau qui nous reste.
Quand la nuit tombe, nous restons assis dans le noir. Nous n’avons même pas de bougies. Nous ne nous sommes pas préparés à cela.
Les enfants de notre maison n’arrêtent pas de pleurer et on peut entendre les cris des enfants de tout le quartier.
On essaie de jouer avec les enfants mais nous avons tous peur.
Les Israéliens ont utilisé un bâtiment du camp pour les interrogatoires. Ils vont d’un quartier à un autre en emmenant des hommes. C’est la même chose qu’en décembre.
Oui, il est très possible qu’ils m’emmènent en vue d’un interrogatoire. J’essaie de rester calme.
Chaque seconde passe et on pense à tous les scénarios.
Mentalement c’est trop, c’est trop cinglé.
Je me demande combien de temps ça va durer?
Ces deux journées ont fait l’effet de durer deux ans”
Ahmed Tobasi
Toutes les informations à lire (mises à jour régulièrement) sur le site The Cultural Intifada