Le Freedom Theatre tire son inspiration d’un projet exceptionnel, Prendre soin et apprendre (Care and Learning), qui recourait au théâtre et à l’art pour faire face à la peur, à la dépression et aux traumatismes devenus chroniques chez les enfants du camp de réfugiés de Jénine. Mis sur pied lors de la première Intifada, ce projet était mené par Arna Mer Khamis, une révolutionnaire qui a consacré sa vie au combat pour la liberté et les droits humains, en compagnie des femmes du camp de réfugiés.

L’humanité intense et énergique de cette femme, née dans une famille juive et ayant fait le choix de vivre et de travailler parmi les Palestiniens, a fait ressentir aux enfants la possibilité d’une réalité alternative. En 1993, Arna s’est vu décerner le Right Livelihood Award, également appelé prix Nobel alternatif, en raison de son “engagement passionné pour la défense et l’éducation des enfants de Palestine”. Avec l’argent du prix, elle a construit un théâtre pour les enfants, le Stone Theatre (Théâtre de Pierre), qui a été détruit lors de l’invasion israélienne du camp de réfugiés, en 2002.

L’Intifada, pour nous et pour nos enfants, est une lutte pour la liberté. Nous appelons notre projet pour les enfants “Learning and Freedom” (Connaissance et Liberté). Ce ne sont pas de simples mots. C’est la base de notre lutte. Il n’y a pas de liberté sans connaissance. Il n’y a pas de paix sans liberté. La paix et la liberté sont liées l’une à l’autre. Liées l’une à l’autre !

Arna Mer Khamis

L’œuvre d’Arna est présentée dans le film Arna’s Children, bénéficiaire de récompenses internationales, qui donne un contexte fascinant au Freedom Theatre. Le réalisateur de ce film est Juliano Mer Khamis, le fils d’Arna, cofondateur en 2006 du Freedom Theatre. Juliano a été directeur général du théâtre jusqu’en 2011, année où il a été brutalement assassiné par un ennemi inconnu de la culture et de la liberté.

Grâce au soutien d’amis du monde entier, le personnel et les membres du Conseil d’administration sont parvenus à maintenir le théâtre en fonctionnement et à poursuivre sa croissance. De même que le Freedom Theatre a eu pour fondement l’inspiration et l’héritage d’Arna, mère de Juliano, de même son travail futur s’édifiera sur l’héritage de Juliano. Il portera son message de défense de la liberté – non seulement pour le peuple palestinien mais pour tous les êtres humains.

Nous sommes en deuil, mais nous continuerons notre résistance par l’art, nous continuerons notre lutte, nous continuerons à faire mieux que notre mieux. Comme l’aurait dit Juliano : la Révolution doit aller de l’avant !

Vous n’avez pas à soigner les enfants de Jénine. Nous n’essayons pas de soigner leur violence. Nous essayons de relever son défi en lui faisant suivre des chemins plus productifs. Et ces chemins plus productifs ne sont pas une alternative à la résistance. Ce que nous faisons au théâtre ne cherche pas à être un substitut ou une alternative à la résistance des Palestiniens dans leur lutte pour la libération, bien au contraire. Cela doit être clair. Je sais que ce n’est pas bon pour la collecte de fonds, parce que je ne suis pas un travailleur social, je ne suis pas un bon Juif qui va aider les Arabes, et je ne suis pas un Palestinien philanthrope qui vient nourrir les pauvres. Nous rejoignons, par tous les moyens, la lutte du peuple palestinien pour sa libération, qui est notre lutte de libération… Nous ne sommes pas des soignants. Nous ne sommes pas de bons chrétiens. Nous sommes des combattants de la liberté.

Juliano Mer Khamis

 

Source : The Freedom Theatre